Sauf imprévu, le secrétaire d’Etat américain Anthony Blinken sera à Kinshasa ces 9 et 10 août 2022.

Pour l’étape de la République Démocratique du Congo, le communiqué officiel du Département d’Etat confirmé par l’ambassade des États-Unis à Kinshasa place ce séjour dans le cadre successivement  » de la tenue d’élections libres, inclusives et justes en 2023 « , de la promotion et du respect « des droits de l’homme et de la protection des libertés fondamentales », « de la lutte contre la corruption », « de l’appui au commerce et aux investissements », de la question « des changements climatiques » et de l’appui aux « efforts africains régionaux pour promouvoir la paix dans l’est de la RDC et l’ensemble de la région des Grands Lacs ». « Ceci pour la partie visible de l’iceberg », apprend-on.

Anthony Blinken

Pour la partie « non visible », il y a sans doute les enjeux économiques. Et quand il s’agit de la RDC, sans doute de l’exploitation minière.

En effet, le potentiel minier pour lequel les États-Unis déclarent de la République Démocratique du Congo un « intérêt stratégique en Afrique » était évalué en 1997 à « 25 % des réserves mondiales de cobalt, 18 % des réserves mondiales des diamants industriels, 6 % des réserves mondiales de cuivre ».

Aujourd’hui, avec le lithium, le Congo démocratique dispose des réserves de 132 millions de tonnes, de très loin supérieures à celle des USA estimée à 750.000 tonnes et du Chili s’affichant avec 9.200.000 tonnes.

Le rappeler la veille de l’arrivée d’Anthony Blinken n’a rien de mal. Après tout, l’histoire rapporte que toutes les guerres du Congo, mais alors toutes, de l’époque léopoldienne à ce jour, sont liées aux minerais. Celles dites de l’Est en sont la preuve.

Certains gouvernements qui y sont impliqués, d’autres pas du tout. Différents rapports d’experts des Nations Unies l’attestent.

Quoi de plus normal que les négociations visant la paix pérenne intègrent dans la solution sécuritaire la question économique, donc minière…

Seulement voilà : la morale ne s’accommode pasavec l’intention de faire (faire) même par procuration aux Congolais des guerres dans leur propre pays, pour leurs propres ressources, et en plus de maintenir ce peuple sous embargo d’armes, quel qu’en soit le degré !

Après tout, les ressources du Congo sont la propriété d’abord des Congolais, exactement comme les ressources des États-Unis sont la propriété d’abord des Américains (C’est au président Monroë qu’on doit la célèbre phrase « L’Amérique aux Américains ».

Dans cette logique, les ressources de la Chine sont la propriété d’abord aux Chinois, de la Belgique propriété d’abord des Belges, du Tchad la propriété d’abord des Tchadiens, du Rwanda propriété d’abord des Rwandais.

Chaque pays, selon sa Constitution et quelle que soit la nature des instruments d’adhésion à des organisations communautaires internationalesutilisés, dispose pour son peuple ses ressources.

Au nom alors de sa souveraineté reconnue sur le plan international, la République Démocratique du Congo a la latitude de négocier de l’exploitation de ses ressources avec qui elle veut : Européens, Asiatiques, Africains, Américains, Océaniens.

Depuis 1960, elle le fait avec bon nombre de pays de tous les continents sans que cela ne pose quelque cas de conscience ou ne suscite quelque états d’âme. Rien ne justifie, par conséquent, la stigmatisation des autres partenaires qui entrent en affaires avec la RDC en s’appliquant les règles établies. L’essentiel est dans le respect des engagements pris.

Le respect à devoir à ce pays est, au nom du principe sacré de continuité de l’Etat, de le laisser assumer ses responsabilités.

Anthony Blinken est tenu à ce devoir s’il vient à Kinshasa plus en partenaire qu’en donneur d’injonctions…

Par Gédéon Ngango

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