Le lieutenant-général, homme fort de l’armée congolaise depuis vingt-cinq ans, commandait la troisième zone de défense, qui comprend cinq provinces de l’est du pays. Le motif de son interpellation n’est pas encore connu.
Des débâcles, Philémon Yav en a déjà connu quelques-unes dans sa longue carrière de commandant militaire. Celle-ci semble se classer parmi les plus sérieuses. Le lieutenant-général a été interpellé ce mardi 20 septembre à Kinshasa et placé en détention à Makala. Si le motif de cette arrestation n’est pas encore connu, il pourrait être sérieux, vu l’envergure de ce militaire.

Général Philemon Yav

Entre l’Est et le Katanga

Depuis 2020, Philémon Yav avait été réaffecté dans l’est du pays et, en juillet dernier, il avait été nommé commandant de la troisième zone de défense des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), qui couvre les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, de l’Ituri, du Maniema et de la Tshopo. À ce titre, il était chargé de la lutte contre les groupes armés, notamment de l’offensive coordonnée avec l’Ouganda contre la rébellion du M23, qui a repris ses attaques en terre congolaise en novembre dernier.

« C’est un terrain que je maîtrise », confiait-il en 2015 à Jeune Afrique en parlant du Kivu. Le « Tigre », tel qu’il est surnommé en référence aux gendarmes katangais de Moïse Tshombe, a en effet effectué toute sa carrière entre l’Est et le Katanga (Sud), d’où est originaire la famille de cet homme d’une soixantaine d’années né en Angola.

Homme de confiance des Kabila

Car avant d’être un homme clé du dispositif militaire de Félix Tshisekedi, Philémon Yav était surtout un proche de Laurent-Désiré Kabila, puis de son fils, Joseph Kabila, qu’il a connu dans les années 1990 au sein de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL).

Lorsque ce dernier devient président, Philémon Yav est considéré comme l’un de ses hommes de confiance, parfaitement loyal. Affecté au milieu des années 2000 dans l’Est, il sera accusé d’avoir fourni des armes aux Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) dans un rapport des Nations unies,  un soutien présumé de la RDC aux FDLR qui est, aujourd’hui encore, un des sujets de tension entre le Congo et son voisin rwandais.

Par Gédéon Ngango

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