Qui n’a pas tiqué, à Kinshasa comme ailleurs, à la suite de l’apparition brutale, hier mercredi après-midi sur les écrans de la télévision nationale congolaise, d’une bande passante annonçant un message imminent du Chef de l’Eta sortant, Joseph Kabila, à la Nation? L’inquiétude était d’autant compréhensible que la chaîne nationale venait de confirmer, dans son édition de la mi-journée, la prestation de serment du nouveau Président élu, ce jeudi au Palais de la Nation, et la passation des pouvoirs avec le Président sortant. Les nerfs étaient d’autant mis à rude épreuve que le fameux message n’était pas délivré lors des journaux télévisés de 19 heures et 20 heures. Il a fallu attendre pratiquement 20 heures 30 pour entendre l’hymne national et voir Joseph Kabila s’afficher sur les écrans.

De son dernier message à la Nation, les filles et fils du pays ont retenu ce signal fort : «Respectueux de la Constitution, je vais passer la main sans remords ni regrets ». Ainsi donc, l’opinion tant nationale qu’internationale est fixée : Joseph Kabila va transmettre le pouvoir à Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi de manière « pacifique et civilisée ».

Mais, avant de se retirer définitivement de la scène, le Chef de l’Etat sortant a tenu a rappeller à tous qu’il avait prêté serment, comme Président de la République, le 26 janvier 2001, après l’assassinat de son père, Laurent Désiré Kabila.

A son avènement à la magistrature suprême, a-t-il rappelé, il avait hérité d’un non Etat, d’un pays au bord du gouffre, miné par une crise économique d’une extrême gravité, une inflation hyper galopante, une dette extérieure sans pareil, d’interminables conflits armés. Son territoire était divisé en autant de « principautés » qu’il y avait des seigneurs de guerre.

Il avait dû imaginer une thérapie de choc pour ne pas laisser s’évanouir les espoirs d’un Congo ressuscité par Laurent Désiré Kabila après plusieurs décennies de dictature et de mégestion.

Joseph Kabila a également rappelé à tous avoir « beaucoup fait », même s’il n’a pas « tout fait », pour remettre le pays sur les rails, avec le concours des forces vives de la Nation, a-t-il avoué. Jamais, a-t-il martelé, il n’a trahi son serment. Pendant 18 ans, a-t-il indiqué, il a permis au pays de franchir un tas d’obstacles, sous forme de défis politiques, diplomatiques, sécuritaires, économiques, financiers, sociaux, etc.

Grâce à la mobilisation générale des filles et fils du pays, au concours des FARDC, à une diplomatie agissante, aux réformes institutionnelles (Décentralisation, Nouveau Code Minier), à l’assainissement des finances publiques, à la restauration de la paix, à la stabilisation de l’économie et à sa relance, à l’accès du plus grand nombre aux services sociaux de base, à la démocratisation (élections), le pays a sorti la tête de l’eau.

A son avis, la crise de légitimité consécutive au limogeage illégal du Premier ministre Lumumba en 1961 et à son assassinat en 1961 se trouve résolue aujourd’hui grâce à rétrocession du pouvoir au peuple, à travers les urnes. Le dernier cas en date était celui des élections présidentielle, législatives nationales et provinciales du 30 décembre 2018.

A ce propos, Joseph Kabila a tiré une double satisfaction, à savoir la manifestation de la maturité politique du peuple congolais et le financement total du processus électoral sur fonds propres. La souveraineté nationale, l’indépendance et la dignité, a-t-il insisté, sont sans prix.

Il ne s’est pas empêché, par ailleurs, de revendiquer le statut de « pionnier », dans l’histoire de l’Afrique Centrale, d’un transfert pacifique et civilisé du pouvoir entre deux Présidents élus, l’un entrant et, l’autre, sortant.

Il s’est d’autant réjoui du début d’ancrage de la culture démocratique en RDC que son successeur au poste vient de l’Opposition. Ce qui devait compter désormais, a-t-il conseillé, c’est la sauvegarde de l’intérêt du pays. C’est dans cette optique qu’il a recommandé à la future majorité présidentielle et parlementaire de regarder dans la même direction.

Dans sa vision d’un grand Congo, libre et démocratique, il a lancé à un appel à « coalition des forces progressistes contre les forces prédatrices », prêtes à piller nos ressources naturelles sans contrepartie. La défense de l’indépendance, de la souveraineté et de l’intégrité territoriale constitue, à ses yeux, l’affaire de tous, afin de porter le pays vers l’émergence dans les domaines des infrastructures, de l’agriculture, des minerais stratégiques, de façonner un Congo fort, facteur de stabilité régionale et locomotive de l’Afrique.

Enfin, Joseph Kabila a souligné qu’il s’apprête à s’effacer de la scène, conscient d’avoir fait sa part du travail, avec le concours de tous. Il reste, toutefois, disposé à apporter son concours, en termes de conseils, à Félix Tshisekedi, à qui il a souhaité plein succès à l’entame de son mandat, avec le soutien de l’ensemble de notre peuple.

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