Taïwan se retrouve au coeur de nouvelles tensions. Son statut fait craindre l’entrée en guerre de deux grandes puissances : la Chine et les USA. Retour sur la situation.

La visite n’aura pas duré plus de 24 heures. Mais le pied posé par Nancy Pelosi, présidente américaine de la Chambre des représentants, sur le sol taïwanais a déclenché une véritable déflagration dans un équilibre diplomatique déjà sous haute tension dans cette région située en mer de Chine. Le ministre chinois des affaires étrangères avait déjà fermement réagi en amont de cette visite: « Il n’arrivera rien de bon à ceux qui jouent avec le feu.« 

Si les frictions se densifient d’heure en heure autour du territoire insulaire situé à 130 kilomètres des côtes chinoises, c’est que son indépendance est largement contestée par le régime communiste du président Xi-Jinping.

Taïwan – Chine, une relation compliquée 

Pour saisir la complexité de cette question, il faut remonter à 1949 lorsque Mao Zedong met fin à la guerre civile en cours et proclame la République populaire de Chine sur l’ensemble de la Chine continentale. Les partisans nationalistes du Kuomintang trouvent refuge sur l’île de Taïwan. L’île se déclare comme étant officiellement la République de Chine en formant un nouveau gouvernement le 7 décembre 1949.

Deux Chine, séparées par le détroit de Taïwan situé en mer de Chine orientale, sont revendiquées. À l’international, l’ONU considère Taïwan comme représentant de la Chine. Il faut attendre 1971 pour voir la situation basculer. Le siège attribué à la Chine au sein de l’ONU devient l’affaire de la République populaire de Chine.

Les Etats-Unis jonglent

Le statut de l’île prend un nouveau tournant lorsque, huit ans plus tard les Etats-Unis, jusqu’alors alliés de Taïwan contre le régime inscrit dans la Chine continentale, décident de ne plus reconnaître l’indépendance taïwanaise afin d’apaiser leurs relations avec le président du parti communiste chinois de l’époque, Ye Jianying.

Mais les Américains jouent sur tous les fronts. Ils signent dans le même temps le Taïwan Relations Act qui engage les USA à fournir à l’île les moyens de se défendre, contre potentiellement la Chine continentale. Les liens entre les deux territoires se renforcent jusqu’à faire des Etats-Unis les premiers fournisseurs d’armes militaires de l’île.

Si l’ambiguïté reste totale entre les deux Chine, les relations s’apaisent au fil du temps. En 1991, Taipei revient même sur les dispositions instaurant l’état de guerre avec le continent.

La Chine durcit le ton

Mais cinq ans plus tard, les tensions se ravivent. Pékin vote une loi anti-sécession et promet une action armée en cas de déclaration d’indépendance de l’île. Depuis l’arrivée de Xi-Jinping à la tête de la République populaire de Chine en 2013, les relations n’ont fait que se tendre davantage. En 2019, il annonçait même la réunification comme « une nécessité pour la grande réjuvénation de la nation chinoise dans la nouvelle ère ».

Aujourd’hui, 14 pays reconnaissent Taïwan comme un état à part entière. Paradoxe, les Américains ne font pas partie de ce petit cercle puisque leurs relations sont considérées comme non-officielles. La Belgique se trouve également dans le lot des 47 pays entretenant ce type d’échanges.

Les Etats-Unis, soucieux de ne pas voir la zone d’influence chinoise s’étendre, ont toutefois décidé de renforcer considérablement leurs liens avec Taïwan. Joe Biden a déjà annoncé qu’il userait de la force si la Chine tentait de s’emparer de l’île. Les dernières actions militaires lancées par Xi-Jinping autour de Taïwan suite à la visite de Nancy Pelosi rappellent la situation particulièrement instable autour de ce territoire de plus de 20 millions d’habitants.

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