La situation dans l’Est de la République démocratique du Congo, en proie à des groupes armés, est « pire que jamais », selon les mots du président rwandais, Paul Kagame. Il en impute la responsabilité aux autorités de Kinshasa.

Les combats dans l’Est de la RDC entre les forces gouvernementales et les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23), une ancienne rébellion tutsi, ont exacerbé les tensions avec le Rwanda voisin, que la RDC accuse d’encourager la milice. Kigali nie toute implication.

Lors de ses vœux du Nouvel An, le président rwandais, Paul Kagame, a estimé qu’« après avoir dépensé des dizaines de milliards de dollars dans des opérations de maintien de la paix ces deux dernières décennies, la situation sécuritaire dans l’est du Congo est pire que jamais ». Selon lui, « l’entière responsabilité » repose sur les autorités de Kinshasa.

Il a, en outre, balayé les accusations de soutien rwandais aux rebelles du M23. « Il est grand temps que la diffamation injustifiée à l’encontre du Rwanda cesse. »

Dans un rapport publié en décembre 2022, des experts mandatés par les Nations unies affirment avoir collecté des « preuves substantielles » démontrant « l’intervention directe des forces de défense rwandaises (RDF) sur le territoire de la RDC », au moins entre novembre 2021 et octobre 2022.

L’Union européenne a aussi appelé, samedi 31 décembre, le Rwanda à « cesser de soutenir le M23. »

Crise profonde entre Kigali et Kinshasa

Le M23 a conquis au cours des derniers mois de vastes pans du territoire du Nord-Kivu, province congolaise frontalière du Rwanda, progressant jusqu’à quelques dizaines de kilomètres de Goma.

Le Rwanda a à plusieurs reprises imputé la responsabilité de la crise dans l’est de la RDC aux autorités de Kinshasa. Kigali a accusé la communauté internationale de fermer les yeux sur son soutien supposé aux FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), un mouvement de rebelles hutu rwandais dont certains impliqués dans le génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda.

Présentée comme une menace par Kigali, l’existence et la violence de cette milice ont justifié les interventions rwandaises passées en territoire congolais.

Le Rwanda a de son côté accusé la RDC, où la présidentielle est prévue en décembre 2023, d’instrumentaliser le conflit à des fins électorales.

Kinshasa aurait ainsi « fabriqué » les massacres de Kishishe et Bambo. Selon une enquête onusienne, ces tueries ont été commises, fin novembre, par le M23 et a coûté la vie à au moins 131 civils, d’après un bilan encore provisoire.

Des initiatives diplomatiques ont été lancées pour tenter de résoudre la crise de l’est de la RDC où une force régionale est-africaine, dirigée par le Kenya, est en cours de déploiement.

Vendredi 30 décembre, au nord de Goma, des combats ont encore opposé l’armée congolaise, appuyée par des groupes d’autodéfense, aux rebelles du M23.

Par Gédéon Ngango

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