Dans son discours prononcé le lundi 09 janvier 2023 alors qu’il présidait l’élection du président du Sénat, le président rwandais Paul Kagame a déclaré que les problèmes de la RDC continuaient d’être imputés au Rwanda, ainsi le moment était venu pour lui de montrer clairement que ces problèmes appartenaient à la République Démocratique du Congo.

Il a dit : « Tout d’abord, ce n’est pas le problème du Rwanda, et nous allons faire en sorte que tout le monde voie que ce n’est pas le problème du Rwanda, en commençant par dire, ceux qui pensent que c’est le problème du Rwanda plutôt que celui du Congo, Tout d’abord, faites sortir les Congolais d’ici. »

En effet ce discours rageur, au-delà de quelques vives réactions provoquées un peu partout dans le monde, traduit en réalité le camouflet de la politique migratoire rwandaise qui tient mordicus à recevoir des réfugiés expulsés du Royaume-Uni.

En avril 2022, le gouvernement de Boris Johnson avait conclu un accord avec Kigali pour expulser vers le Rwanda des demandeurs d’asile, d’où qu’ils viennent, arrivés illégalement sur le sol britannique. Une politique destinée à décourager les traversées de la Manche, mais qui a été largement critiquée et attaquée en justice.

Le premier vol devant amener des migrants au Rwanda depuis le Royaume-Uni a été annulé le mardi 14 juin 2022 par la Cour européenne des droits de l’homme.

Lundi 09 janvier 2023, la Haute-Cour de Londres a jugé le dispositif « légal » et estimé que les dispositions prévues par le gouvernement ne contreviennent pas à la Convention de Genève sur les réfugiés. Le Premier ministre britannique va ainsi procéder à l’expulsion vers le Rwanda de demandeurs d’asile arrivés illégalement dans le pays.

Malgré cette dernière décision de la justice britannique, plusieurs associations et organismes en lien avec l’Immigration et le  droit des réfugiés accusent le Rwanda d’être à la base d’afflux des réfugiés particulièrement congolais au Royaume- Uni.

Le Rwanda est accusé d’être le principal instigateur des conflits armés dans la région des Grands Lacs africain depuis 1994. Ainsi, plusieurs congolais fuyant la guerre et l’insécurité, sont allé demander refuge au Royaume-Uni. Pour ces associations, il est donc incompréhensible que ces réfugiés qui ont fuit la guerre chez eux, puisse être encore renvoyé dans la région.

Exacerbé, et tenant coût que coût à matérialiser son accord migratoire avec l’UK, Paul Kagame compte désormais écarter les réfugiés congolais et sud-soudanais de la liste des migrants expulsables vers son pays. C’est donc une petite victoire pour les migrants congolais résidant au Royaume-Uni, qui tiennent aussi à empêcher la matérialisation de cet accord.

Prise surement à la hâte, le président rwandais Paul Kagame n’avait pas aussi supputé le revers de sa décision d’expulser et de ne plus recevoir les réfugiés congolais. En effet, cette décision loin de lui garantir l’arrivée des migrants issus du Royaume-Uni avec ses retombées financières ; constitue à même temps une violation de la Convention de Genève sur les réfugiés. Car, comment un pays qui expulse et refuse de recevoir certains réfugiés, accepterait facilement de recevoir d’autres en provenance de l’Europe ? Une politique migratoire sélective à deux vitesses, en violation de la convention de Genève sur les réfugiés.

Le Rwanda n’a aucune intention d’expulser ou d’interdire les réfugiés, notamment ceux en provenance de République démocratique du Congo (RDC), a rétropédalé ce mercredi la porte-parole du gouvernement de Kigali, Yolande Makolo, après les propos de son président Paul Kagame dans lesquels il refusait que le Rwanda « supporte ce fardeau ». Le Rwanda chancelle.

Par Gédéon Ngango

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