Plus de 120 personnes ont été tuées par les rebelles du M23 lors du massacre du 29 novembre 2022 à Kishishe, une localité située dans le territoire de Rutshuru à l’est de la République Démocratique du Congo. Le gouvernement congolais ne décolère pas, il accuse le régime de Kigali de soutenir le M23 pour occuper injustement ses territoires.

Pour le ministre de l’Industrie en RDC, Julien Paluku la progression du M23 à Kishishe a pour objectif de contrôler la mine de la Société minière et industrielle du Kivu (SOMINKI) pour extraire les minerais du Congo principalement le pyrochlore qui contient le niobium, une matière première très recherchée dans l’aéronautique et l’informatique.

« Ce qui se passe à l’Est de la RDC est une guerre économique. Ce sont le coltan, la cassitérite, l’or et surtout le pyrochlore qui sont visés. C’est la mine de Sominki qui est visée. Ce qui justifie la progression de l’armée Rwandaise vers Kishishe, c’est pour contrôler la mine de la Sominki afin d’extraire le pyrochlore », a dénoncé Julien Paluku lors du briefing hebdomadaire organisé  lundi 5 décembre par Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement.

L’ancien gouverneur du Nord-Kivu dénonce les agissements du régime Kagame.

« Il faut que toute l’opinion sache qu’il n’y a pas de problème de haine contre une ethnie en RDC. Il n’y a pas de discours contre une communauté en RDC. C’est des ingrédients utilisés par le régime de Kigali pour survivre à l’international. Le président de la République a clairement indiqué que la RDC n’a pas de problème avec la population Rwandaise mais plutôt avec le régime de Kigali qui s’est constitué en terroriste dans la région en se nourrissant du sang des congolais pour survivre à l’international« , a-t-il dit.

Par ailleurs, le patron de l’Industrie congolaise, a aussi appelé la communauté internationale, qu’on reproche de ne pas jouer franc-jeu dans la guerre de l’est qui oppose la RDC au M23 soutenue par le Rwanda, à cesser d’apporter toute sorte de soutien au Rwanda, principal agresseur de la RDC.

« Il faut que la communauté internationale cesse de servir celui qui se nourrit du sang congolais. Si la communauté internationale veut la paix dans la région des grands lacs, elle doit soutenir la RDC dans sa démarche d’asseoir définitivement la paix« , a indiqué Julien  Paluku.

Le pyrochlore et la guerre du Kivu

Le pyrochlore contient en son sein le niobium un minerai rare très cher que le coltan.

Selon les informations extraites d’une enquête indépendante sur le pillage des ressources minières en République Démocratique du Congo publiée en 2019, le Niobium est un métal rare extrêmement cher, plus cher que le coltan. Il est brillant gris, ductile, qui prend une couleur bleutée lorsqu’il est exposé à l’air, à température ambiante pendant une longue période.

Les propriétés chimiques du niobium sont presque identiques à celles du tantale. Le métal commence à s’oxyder à l’air au-dessus d’une température de 200 °C. Le niobium est un minerai stratégique, dont le métal intervient dans la fabrication des alliages composant les tuyeres des fusées et les moteurs des satellites.

Les gisements connus du niobium n’existent, selon la revue Affaires, qu’a deux endroits de la planète : la Malaisie et la RDC. Méconnu du grand public jusqu’à la publication du rapport des experts de l’ONU qui le cite abondamment parmi les richesses congolaises pillées actuellement par le Rwanda et l’Ouganda, le niobium est exploité dans une semi-clandestinité depuis trois décennies.

Aucune statistique, aucun chiffre n’a jamais été rendu public. Il faut se fier à des indiscrétions pour apprendre que ce minerai est extrait et commercialisé depuis 1972 à titre expérimental et qu’une firme américaine l’exploitait déjà avant la guerre d’agression en l’expédiant par avion depuis le lieu d’extraction au Kivu jusqu’au port de Mombassa d’où il était embarqué à bord de bateaux pour les Etats-Unis.

Les recettes générées par la vente du niobium n’ont jamais alimenté le trésor public congolais et ce minerai ne figure pas non plus sur la liste officielle de la nomenclature des métaux exploités en République Démocratique du Congo.

Les infrastructures d’exploitation ont été réduites au strict minimum pour ne pas attirer l’attention des curieux.

Le sort a voulu que la RDC soit un pays à la fois riche et grand, pauvre et fragile. Ce faisant, son destin se trouve souvent livré à tous les démons, c’est-à-dire à tous les enjeux, à tous les pillages.

Par Gédéon Ngango

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