
Ce mardi 11 décembre, à Lubumbshi, la violence s’est invitée définitivement dans la campagne présidentielle en République démocratique du Congo.
Le candidat d’opposition Martin Fayulu et son convoi ont été pris pour cible par des policiers. Les images de tirs de gaz lacrymogènes et de jet d’eau chaude sur les manifestants pacifiques qui ne font qu’accompagner un candidat en campagne sont particulièrement choquantes et augurent d’une dernière migne droite placée sous le signe de la répression.
Première cible désormais de la Kabilie : Martin Fayulu. Le candidat de la coalition Lamuka a frappé les esprits en drainant des dizaines de milliers de personnes à chacune de ses haltes alors qu’il a commencé sa campagne dans la région de la RDC qui lui est, logiquement, la moins favorable. Mais dans les Kivus comme dans l’ancienne Province orientale, les mêmes images de raz-de-marée qui posent de plus en plus de soucis à une majorité politique qui, elle, rencontre les pires difficultés à attirer les foules malgré les moyens financiers dilapidés pour tenter d’appâter les électeurs.
Après avoir commencé à sombrer dans la violence à Kindu, pour empêcher le candidat de se poser dans le Maniema et signer une nouvelle démonstration de puissance dans le fief même du dauphin Shadary, les forces de répression ont remis le couvert à Lubumbashi. Ici, dans l’ex-capitale du Katanga devenue capitale du Haut-Katanga mais toujours supposée être la ville d’adoption du président hors mandat Joseph Kabila, l’adhésion à Fayulu était insupportable pour un pouvoir aux abois.
Un médecin porté disparu
A Lubumbashi, donc, las de voir une fois de plus le candidat élu de Kinshasa et originaire du Bandundu rassembler des milliers de Lushois derrière sa candidature portée ici par Moïse Katumbi et Gabriel Kyungu, les forces de l’ordre ont empêché la tenue du meeting de l’opposition.
Alors qu’il était évident que ce rassemblement n’aurait pas lieu, les forces de l’ordre se sont dirigées vers la Cité des jeux pour disperser la foule déjà compacte venue pour écouter le candidat Fayulu. Face à ces supporters, les policiers n’ont pas hésité à ouvrir le feu sur la foule.
Officiellement, le bilan est de un mort mais de nombreux témoignages parlent de six corps au moins escamotés par les policiers. « On a vu les policiers qui emmenaient des hommes sur lesquels ils ont tiré », explique cette maman qui parle de trois corps « que j’ai vus de mes yeux » .
D’autres témoins évoquent « six corps au moins » . Plusieurs parlent d’un médecin « bien connu car il n’hésitait pas à soigner même ceux qui n’avaient pas les moyens de le payer » . « Ce n’était pas un voyou, personne ne pourra jamais prétendre le contraire » .
Plusieurs témoignages concordent et parlent de ce médecin tombé sous les balles des policiers et dont le corps a été emmené avec ceux d’autres victimes de la répression à Lubumbashi.
Les réseaux sociaux ont livré les images de cette violence et de cette répression disproportionnée au monde entier. A Kindu, les cadres de Lamuka pris à partie par des jeunes kabilistes venus pour en découdre avaient dû trouver refuge au siège local de la Monusco. Ici, à Lubumbashi, Martin Fayulu et sa porte-parole Eve Bazaiba ont interpelé la représentante de la Mission de l’Onu. Les Nations unies ne peuvent demeurer sourdes à ces appels, ni aveugles à ces images sous peine de perdre définitivement leur crédit en RDC.
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