Après trois saisons où le Barça est resté en rade sur le quai des quarts de finale, les Blaugrana retrouvent le dernier carré, et un adversaire de tout premier plan. Le meilleur auquel ils auront été opposé cette saison. Ce Barça-Liverpool a la tête d’une finale avant la lettre, et il paraît bien difficile de dégager un favori.

Focus maximum. Déjà couronné en Liga, finaliste annoncé en Copa, Barcelone n’a désormais d’yeux que pour la Champions, cette Coupe qui a élu domicile depuis trois saisons dans la vitrine à trophée la moins prisée de Catalogne. Le Barça-Liverpool qui s’annonce dès mercredi au Camp Nou fait extrêmement saliver. Il a également de quoi se gratter la tête, tant l’issue paraît incertaine. Tour d’horizon des questions dont les réponses désigneront certainement l’identité du finaliste.

Quelle hauteur de bloc pour le Barça ?

Plus calculateur que ses prédécesseurs, Ernesto Valverde va aborder ce Barça-Liverpool avec un dilemme. Dans cette Champions League, comme dans les autres gros affrontements de la saison, son équipe a toujours alterné entre différentes hauteurs de bloc. Périodes de pressing intense et d’occupation haute du camp adverse, avec confiscation du ballon, parfois pour le simple fait d’en déposséder l’adversaire. Plages de recul, recroquevillés bas devant la surface, à utiliser la moitié de terrain adverse ouverte en transitions. Face à Liverpool, le cœur du Txingurri risque de balancer, lui que l’on imagine largement préférer partir vers la Mersey avec un 0-0 plutôt qu’un 4-4, 3-3.

Si les Catalans vont chercher les Reds dans leur moitié de terrain, ils mettront Busquets, leur baromètre, dans sa position de confort. Mais ils s’exposeront au pressing anglais au milieu. Chaque perte de balle sera sanctionnée d’une contre-attaque supersonique du trio Salah-Firmino-Mané. Monstrueuse cette saison, la paire Piqué-Lenglet n’apparaît pas pour autant très équipée pour défendre 50m dans leur dos, au sprint, en courant vers leur but. Dans l’approche défensive de la rencontre, on attend avec intérêt de voir si Alba sera prudent (avec un œil sur Mo Salah…) ou s’il aura ses velléités offensives habituelles. De l’autre côté, il pourrait y avoir match entre Sergi Roberto et Semedo, pour contrôler Sadio Mané, l’attaquant liverpuldien le plus en forme actuellement.

Connaissant la force de frappe offensive, hyper verticale, des hommes de Klopp, le Barça n’a-t’il pas intérêt à renier ses fondamentaux, et à adopter un bloc bas ? A priori, la triplette rouge sera moins à l’aise face à des lignes regroupées que dans de grands espaces. Cette configuration placerait certainement Busi dans un rôle inconfortable, mais elle maximiserait le rendement de Piquéet Lenglet, impériaux cette saison lorsqu’il s’est agi de nettoyer la surface. Les Reds possèdent en Alexander-Arnold et Robertsondes centreurs d’élite, mais la charnière culéexcelle dans le domaine aérien (la menace se situera plutôt sur coups de pied arrêtés, avec des montées de Van Dijk par exemple).

Que le bloc barcelonais soit haut, médian ou bas, la vérité devrait se trouver au milieu de terrain. A priori, les Catalans possèdent des éléments plus créatifs (même si Keita est le plus capable de casser des lignes par le dribble). Si le Barça a la possession, il s’en sortira s’il arrive à résister au pressing. S’il laisse la balle, il devrait arriver à contrôler le (relativement) faible playmaking adverse. Mais on n’est pas à l’abri de voir tout ce beau monde se regarder un moment dans le blanc des yeux…

Un match fermé ?

Dans le coin Blau, le Barça, 86 buts marqués en Liga, 23 en Champions. Dans le coin rouge, Liverpool, 84 pions en PL et 18 en LDC. Pour autant, la présence dans cette demie de deux des toutes meilleures attaques du continent ne garantit pas un feu d’artifice offensif. Les matches aller de confrontations à élimination directe accouchent souvent de matches où l’appréhension et le calcul l’emportent, comme lors du dernier Tottenham-City (le retour fût légèrement différent…). On vient d’en parler, le Barça se posera probablement pas mal de questions sur l’attitude à adopter. Au Parc OL, à Old Trafford, les Blaugrana avaient gardé le frein à portée de main et n’avaient lâché les chevaux qu’au retour. Cette fois, ils devront pourtant faire la différence dès le Game 1, au Camp Nou.

De son côté, Liverpool ne garantit pas non plus un spectacle tout feu tout flamme. Battus lors de chaque déplacement lors de la phase de poules (Naples, Etoile Rouge, Paris), les Klopp Boys ont certes gagné à Munich puis à Porto. Mais ils avaient souffert le martyr en première mi-temps face aux Dragoes. Cette relative fragilité en déplacement les incitera peut-être à aborder le match au Nou prudemment. L’an dernier face à City, ils avaient su verrouiller une fois la différence faite.

On en arrive irrémédiablement au point le plus crucial. Marquer le premier. Prendre le score. Faire tourner la rencontre de son côté. Dans ce choc, l’équipe qui prendra l’avantage pourra laisser l’initiative à l’adversaire, pour tenter de le punir en transition. C’est ce qui a fonctionné en Champions ces dernières années, même si l’édition en cours se révèle plus joueuse. Le premier but est crucial, raison de plus pour tout mettre en route… pour ne pas l’encaisser.

Coutinho ou Dembélé ?

C’est la plus grosse inconnue dans le onze de départ de Valverde, avec l’identité du latéral droit. Toute la saison, Dembélé a paru avoir une longueur d’avance sur Coutinho pour accompagner Messi et Suarez en attaque. Mais la connivence du Français avec les bancs de l’infirmerie ont fait fondre son avantage, et la forme des derniers matches semble donner Couti gagnant d’une courte tête. Au-delà de la simple question du qui, le choix du coach sera probablement représentatif des volontés culés. Avec Petit Couto, l’entraìneur Extremeño (une fois pour toute, il n’est pas Basque) s’assure une conservation de balle sous pression plutôt bienvenue face aux Reds. Pour ces mêmes raisons, Arthur devrait être préféré à un Vidal pourtant en verve. La titularisation du Brésilien paraît coller avec une volonté de jouer haut et avec le ballon, d’autant plus que son positionnement dans le half-space ouvre l’aile à Alba.

Si le mister choisit Dembouz, cela pourrait signifier que le FCB choisit d’opter pour les transitions. Avec sa vitesse, ses prises de profondeur et les dégâts que causent ses dribbles, le Français est le joueur de l’effectif le plus transition-compatible. Quoi qu’il arrive, s’il démarre sur le banc, Dembélé devrait avoir l’opportunité de rentrer. Si le score est contraire, il apparaîtra car il est un élément plus « radicalement » offensif que Coutinho. Si le tableau d’affichage est clément, il sera une arme pour appuyer un peu plus là où ça fait mal. À moins que Valverde n’opte alors pour un Vidal ou un SR et un retour au 4-4-2 à plat…

Messi fera-t’il plier Van Dijk ?

Son arrivée à Anfield en Janvier 2018 a transformé Liverpool en un véritable contender dans toutes les compétitions. Ceux qui buggaient en voyant le prix de son transfert ont désormais compris pourquoi. Fraîchement élu meilleur joueur de Premier League, Virgil Van Dijk est le taulier de la meilleure défense du championnat anglais. Surtout, au-delà de la sécurité qu’il dégage, et de la sensation qu’il peut toujours rattraper le coup défensivement, il trimballe depuis le début de saison le titre de « joueur qui ne s’est pas fait dribbler » (on vous accorde le côté nébuleux : même en tant que fan de stats, on ne sait pas bien où commence et où finit un dribble concernant la data). Un titre qui, par définition, se veut temporaire puisqu’un jour ou l’autre il finira par se faire dépasser par un adversaire. Ça tombe bien, il va croiser la route de Lionel Messi ce mercredi soir. Un Messi auteur d’une saison stratosphérique, ce qui est une plénoasme. Mais surtout un Messifrais, reposé (remplaçant lors de trois des quatre derniers matches de Liga), et surtout déterminé au plus haut point lorsque la rencontre se déroule avec un ballon étoilé cousu sur la manche.

Fatalement amenés à se rencontrer puisqu’ils évolueront dans les mêmes zones, Van Dijk et Messi, le colosse et le lutin, portent une grande partie des espoirs des leurs sur leurs épaules. Celui qui sortira vainqueur de ce Clash of Titans donnera certainement un avantage décisif à son équipe.

Suarez, enfin ?

Cinq ans après avoir posé ses valises à Casteldefells, Luis Suarez va retrouver le Liverpool FC. Faut-il briller en société lors de retrouvailles avec son ex ? Ce serait en tout cas plus que bienvenu pour le Pistolero, même si les Reds ont bien changés depuis l’époque où il y arborait le numéro 7. L’implication de l’Uruguayen n’est jamais remise en cause, mais son rendement laisse souvent à désirer (surtout visuellement…). Si, dans les chiffres, il parvient à garder la tête hors de l’eau en Liga, sur la scène européenne son bilan est famélique. Sur les deux dernières saisons de Champions, Luisito ne compte qu’un but inscrit (quart aller contre la Roma en Avril 2018). Il est certes souvent passeur décisif, ou impliqué dans la demi-douzaine de CSC que le Barça a forcé sur la période, comme lors du tour précédent face à Shaw à Old Trafford, mais cela reste insuffisant.

Malgré le travail qu’il abat et les espaces qu’il ouvre, notamment pour le plus célèbre de ses coéquipiers, on est obligé de se poser la question. Une équipe peut-elle gagner la Champions avec un avant-centre muet sur toute la compétition ? Peut-être, s’il y a Messià côté. Didier Deschamps pourrait même ajouter qu’il a été Champion du Monde comme ça… La meilleure des choses serait certainement que Suarez mette lui-même une fin définitive au débat en y allant de sa petite contribution lors de ces demi-finales. Et on se moque bien de savoir s’il serait de bon ton, ou non, de fêter un but contre son ancien club.

Comme un air de Barça-Bayern… mais lequel ?

Celui de 2015 ? Un match aller assez cadenassé, un chef d’œuvre tactique de part et d’autre, des équipes qui se neutralisent et un 0-0 qui vole littéralement en éclat sur 3 coups de baguette magique de Leo Messi ?

Ou celui de 2013 ? Un Barça qui contrôle le ballon mais se fait punir par la vitesse et la justesse des transitions bavaroises, où chaque perte de balle semble destinée à se terminer en but encaissé ?

On ne vous fera pas l’affront de vous donner le scenario qui a notre préférence (avec Van Dijk dans le rôle de Boateng ?)

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