Le groupe « MPR » c’est un duo kinois combinant à merveille le rap, la rumba et le folklore dans des clips qui s’inspirent des années du Zaïre. Une petite révolution toute… zaïroise !

Le 13 février dernier marquait les sept ans de la disparition de King Kester Emeneya, l’une des grandes voix de la musique congolaise qui avait révolutionné la rumba en y incorporant notamment l’utilisation du synthétiseur dans les années 80. À cette occasion, le duo MPR dévoilait un nouveau morceau, « Malembe », qui contient un hommage à cette figure musicale. 

Mais qui est MPR ? Ce duo kinois qui petit à petit (ou doucement, traduction française de malembe) s’inscrit dans le sillage du Kwamambu (l’un des multiples noms de King Kester) avec pour ambition de rendre sa grandeur à la musique congolaise. En 1978, Jon Landau, un critique rock américain écrivait à propos d’un illustre inconnu : « J’ai vu le futur du rock’n’roll et son nom est Bruce Springsteen ». Cette déclaration, à propos de celui que l’on ne surnomme pas encore « Le Boss », convient de mon point de vue à MPR. Le jeune duo kinois caché derrière cet acronyme s’affirme de plus en plus, projet après projet, comme en témoigne « Dollars », leur vidéo qui vient de passer la barre du million de vues sur YouTube.      


MPR est la preuve que cette sixième ou septième génération de la musique congolaise est totalement décomplexée, hybride, qu’elle soit issue de la diaspora ou non. Ses influences sont diverses et variées. Le groupe se distingue en affichant une totale indépendance et s’inscrit dans la lignée de beaucoup de nouveaux artistes comme Gaz Mawete ou Innoss’B qui ne sont pas issus de la tradition des grands orchestres, mais plutôt des radio-crochets. Ensuite, le duo se singularise non seulement par l’utilisation d’un phrasé rap plus proche du flow que du chant, mais aussi par les thématiques qu’il aborde. 

Des textes, pas des mabanga (dédicaces)

L’écriture du groupe est aux antipodes de ce qui passe en boucle sur les ondes congolaises, voire étrangères. Les références de MPR sont plutôt à chercher du côté des pionniers de la rumba comme Franco Luambo et son T.P. OK Jazz. Tout comme lui, le duo raconte sous forme de chroniques la vie quotidienne kinoise. Sur « Dollars », il est question du pouvoir de la devise américaine au sein de la société congolaise et de ses conséquences néfastes et perverses. « Lobela Ye Français, » se veut aussi une critique. Celle de l’influence de la langue de Molière dans les échanges quotidiens, alimentant ainsi un certain complexe qui dévalorise notre culture et notre héritage lingalophone. Car cette langue est assez riche pour décrire nos réalités, sans avoir besoin de recourir au français.

Le groupe interroge les mœurs sociales et se fait ainsi de manière sous-jacente, le chantre de notre langue et le gardien de notre culture et des us et coutumes qui en découlent. 



  Par Gédéon Ngango


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