La semaine dernière, Kalev Mutond, l’ancien administrateur général de l’Agence nationale de renseignements (ANR) de la République démocratique du Congo, est sorti de l’ombre, a noté ce vendredi 14 octobre Human Rigths Watch (HRW), une organisation non gouvernementale de droit américain de defense et de promotion des droits de l’homme basée à Washington, aux USA.
Craignant d’être arrêté, Kalev Mutond avait fui le pays en mars 2021, quelques jours seulement avant que les autorités judiciaires congolaises ne lancent un avis de recherche à son encontre, suite aux plaintes déposées en justice par plusieurs victimes l’accusant de détention arbitraire , tortures et tentative de meurtre.
Les médias locaux avaient rapporté que Kalev Mutond avait présenté désormais des excuses aux victimes et demandé pardon. En guise de réponse, l’activiste congolais, Carbone Beni, sévèrement battu et détenu arbitrairement par l’ANR pendant plusieurs mois entre 2017 et 2018, a twitté pour dire que le pardon découle normalement « d’une prise de conscience individuelle » et ne devrait pas être « une ruse ou une malice pour se dédouaner d’une sanction ».
L’ancien chef des renseignements a orchestré la répression brutale menée par le gouvernement contre les opposants politiques lorsque le Président de l’époque, Joseph Kabila, cherchait à briguer un troisième mandat à partir de décembre 2016 malgré la limite de deux mandats prévue par la Constitution.
Sous le commandement de Kalev Mutond, l’Agence nationale des renseignements a arrêté des militants des droits humains et pro-démocratie, ainsi que des membres de l’opposition, dont beaucoup n’ont pas été inculpés et n’ont pas eu accès à leurs familles ou à leurs avocats. Bon nombre de ces personnes détenues ont été torturées, note Thomas Fessy, chercheur Senior chez HRW/RDC.
Les États-Unis ont sanctionné Kalev Mutond en décembre 2016 pour avoir « entravé des processus démocratiques » et l’Union européenne l’a sanctionné à son tour en mai 2017 pour avoir « planifié, dirigé ou commis » de graves violations des droits humains.
Lorsque le Président Félix Tshisekedi l’a démis de ses fonctions en mars 2019, les victimes pouvaient alors espérer que le haut-responsable jusque-là intouchable finisse par faire face à la justice. Or, depuis son retour à la fin du mois d’août, Kalev Mutond semble vivre à Kinshasa en tant qu’homme libre, suscitant des inquiétudes, un accord ait été conclu, lui permettant d’échapper aux poursuites, regrette Thomas Fessy.
« Ces gens doivent savoir qu’il y a des conséquences pour les actes qu’ils posent », a déclaré l’activiste et ancien détenu de l’ANR Christopher Ngoyi, qui a déposé plainte en janvier 2021 pour « qu’à l’ avenir, il n’y ait pas un autre Kalev Mutond ». « Toute solution à l’amiable n’aiderait pas le pays à aller de l’avant », a-t-il déclaré à Human Rights Watch.
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