Testé positif au Covid-19, Donald Trump sera probablement de retour à la maison Blanche ce lundi

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Cinq tweets seulement en 48 heures. Même assortie d’une vidéo pour le moins ambiguë, dans laquelle Donald Trump dit qu’il «pense revenir bientôt», cette communication minimale provoque l’inquiétude des supporters à l’égard d’un président qui avait été capable de produire et de partager 200 messages en une seule journée au mois de juin dernier.

Mais depuis son arrivée dans la suite présidentielle de l’hôpital Walter-Reede de Bethesda vendredi, la maladie du chef d’Etat n’a pas modifié le mode de communication de la Maison Blanche, notoirement peu fiable depuis son entrée en fonction. «Il va très bien ! Mais il n’est pas encore sorti d’affaire», prétendait son médecin, Sean Conley, lors d’une conférence de presse, samedi, en confirmant le recours de son équipe médicale à un traitement expérimental.

Dimanche, le même médecin a assuré que le Président pourrait être de retour à la Maison Blanche dès demain. Tout en confirmant que son patient avait vu à deux reprises son niveau d’oxygénation diminuer depuis son hospitalisation. Vu le manque de transparence habituel de la Maison Blanche sur les questions liées à la santé du président, ces propos ne convainquent toujours pas. «Aujourd’hui, il se sent bien, il est debout et en activité», a ajouté un autre médecin, Brian Garibaldi, lors de ce point presse. «Notre objectif pour la journée est de le faire manger, boire et de le garder en dehors du lit autant que possible, pour qu’il soit mobile et continue de se sentir bien.»

Hypertension et cholestérol

Les annonces rassurantes étaient jusqu’alors autant destinées au public qu’au président lui-même. De sa chambre, il suit en permanence les chaînes d’information et proteste, selon plusieurs témoins, à l’écoute des commentaires alarmistes sur son état de santé, et les risques supplémentaires dus à son surpoids (léger selon son médecin), son hypertension et son cholestérol.

Il n’empêche : un gradé de la Maison Blanche, apparemment Mark Meadows, chef de cabinet de la Maison Blanche, a déclaré officieusement que la situation du président est «toujours préoccupante». Ce revirement, à l’encontre de la stratégie de communication officielle, est interprété comme une possible préparation de l’opinion à une dégradation de l’état de Donald Trump, ou une nouvelle quête de crédibilité de son entourage au cas où le pays entrerait soudainement dans l’après Trump et verrait le vice-Président Mike Pence prendre ses fonctions dans le bureau ovale.

A l’embarras visible du gouvernement américain devant la soudaine hospitalisation de Trump, causée par une maladie dont il n’a cessé de nier l’importance depuis février, s’ajoute une désorganisation générale quant au message à adresser au pays. Le docteur Conley, médecin personnel du président, a, le 3 octobre, déclaré que la contamination de son patient avait été constatée «72 heures plus tôt», ce qui aurait signifié qu’elle datait de mercredi et que Trump aurait ainsi pris le risque d’assister à un gala de levée de fonds dans son golf du New Jersey alors qu’il se savait déjà malade et contagieux. Ce «timing» a été immédiatement démenti par le médecin, à la suite des injonctions de l’équipe présidentielle.

Mais la plus grande confusion règne toujours sur l’origine de cette contamination. Outre Melania Trump, huit des 150 invités à la cérémonie du 26 septembre dans le «Rose Garden» de la Maison Blanche, au cours de laquelle Trump a présenté sa candidate au remplacement de Ruth Bader Ginsburg à la Cour Suprême, ont déjà reçu un test positif au coronavirus.

Désinvolture

Les images de ce rassemblement officiel, durant lequel peu de participants portaient un masque malgré les consignes officielles, confirment la désinvolture de la Maison Blanche et ravivent les reproches de l’opinion à l’égard de la stratégie du déni maintenue par le gouvernement pendant les mois de pandémie.

Hope Hicks, proche collaboratrice de Trump, a montré jeudi les premiers symptômes de coronavirus et a poursuivi ses activités officielles en présence du Président. Mais elle proteste aujourd’hui en coulisses contre l’attitude de l’entourage de Trump à son égard, marqué par des moqueries constantes en raison de l’utilisation d’un masque.

Le président, de sa chambre d’hôpital, tient toujours à montrer qu’il continue à travailler. L’un de ses tweets enjoignait même le Congrès à trouver un accord pour le vote d’une seconde phase du plan de stimulation de l’économie face à l’épidémie, notamment une augmentation des indemnités de chômage toujours refusées par les Républicains.

Requinquer

Steven Mnuchin, secrétaire au Trésor, et partisan de ce plan, est maintenant en tractations avec Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des Représentants, pour relancer un plan qui requinquerait l’image du gouvernement, en effaçant le souvenir de sa désastreuse gestion de la pandémie, et en donnant l’illusion d’une administration au travail.

Car Joe Biden a vu son score s’améliorer depuis trois jours, et compte maintenant une avance de 14 points devant Trump dans les derniers sondages, au moment où la campagne présidentielle est gravement perturbée par l’absence du Président. Bill Stepien, directeur de la campagne, nie toujours la réalité de ce recul, assurant que les sondages sont toujours contradictoires.

Les démocrates, pour leur part, reconnaissent que la maladie de Trump lui vaut l’empathie de sa base, mais remarquent que la cote du Président n’a toujours pas connu une remontée semblable à celle du Premier ministre britannique Boris Johnson lorsque ce dernier a été hospitalisé en avril.

«Résolution»

Mike Pence, dès samedi, a annoncé dans une téléconférence avec l’équipe électorale républicaine que la campagne continuait de plus belle. « »Make America Great Again » n’est pas seulement un slogan, mais notre mission», a déclaré le vice-président, tandis que le numéro 2 de la campagne, Justin Clark, annonce que le message sera axé sur la «résolution» de Donald Trump à vaincre la maladie.

La stratégie consiste aussi à dépêcher la famille Trump sur les tribunes. Son fils Donald Jr et sa fille Ivanka le remplaceront pour un temps lors des prochains meetings. Lara Trump, épouse d’Eric Trump, l’autre fils adulte du président, tentait encore, samedi, de rassurer les supporters lors d’une téléconférence, les appelant à ne pas «prêter attention aux propos chocs des médias traditionnels et à ne pas s’alarmer. Eric, pour sa part, a souhaité ironiquement à Joe Biden d’avoir un centième des aptitudes que montre son père en ce moment».

La confusion est aggravée par le fait que le débat vice présidentiel entre Mike Pence et Kamela Harris doit avoir lieu mercredi soir, et devait être le point de départ d’une série de meetings du président, avec dès le lendemain, un vaste rassemblement à Peoria, dans l’Arizona.

«Etre enfin sérieux»

Aucun changement, aucune consigne nouvelle de port de masque ne semble avoir encore été donnée par la campagne pour les futurs meetings. Un rassemblement a eu lieu samedi à Staten Island, à New York, mené par des élus locaux républicains, durant lequel les fans du président ne prenaient pas plus de précautions que d’habitude face à la menace de contagion.

Matt Gorman, un stratège républicain présent dans les préparatifs de la campagne, a pourtant protesté dans le New York Times, invitant les supporters du président à «être enfin sérieux et à prendre toutes les précautions possibles. On n’a plus droit à l’erreur, dit-il, et, en étant cynique, on pourrait se poser la question : les républicains n’ont-ils pas intérêt à ce que leurs électeurs soient en état de voter le 3 novembre ?»

Avec Libération


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