Kinshasa, ville des paradoxes. Il suffit d’un instant pour que l’uniforme bleu d’un policier chargé de réguler la circulation se transforme en un suaire. C’est exactement ce qui est arrivé à Fiston Kabeya Senda, brigadier de première classe, dont la mission était simple : éviter les embouteillages. Sauf que cette fois, il a croisé un cortège, et pas n’importe lequel : celui de la Première ministre Judith Suminwa.
Un différend aux conséquences fatales
Le 25 mars 2025, alors qu’il s’attelait à sa tâche quotidienne sur l’avenue de l’ex-24 novembre, Fiston Kabeya aurait eu un échange musclé avec des éléments de l’escorte de la cheffe du gouvernement. Motif du litige : le brigadier aurait, semble-t-il, tardé à dégager la voie pour laisser passer le convoi officiel. Un crime de lèse-majesté qui ne pardonne pas.
Quelques minutes plus tard, l’histoire prend une tournure inquiétante. Des hommes en uniforme, liés à la sécurité de la Première ministre, l’embarquent manu militari. Direction : le parquet. Deux jours plus tard, le brigadier est retrouvé mort. Circulez, il n’y a rien à voir ? Pas si sûr.
Indignation et enquêtes en cours
Le décès de Fiston Kabeya a provoqué une onde de choc. Une vidéo, prétendument liée à l’incident, a circulé sur les réseaux sociaux, attisant l’indignation populaire. Mais attention aux faux-semblants : il s’avère que cette séquence daterait de 2023 et n’aurait aucun lien avec l’affaire. Reste que la colère gronde.
Face au tollé, Judith Suminwa est sortie du silence, exprimant son « profond regret » et assurant que justice sera faite. La justice militaire a d’ores et déjà été saisie, et le ministre de la Justice, Constant Mutamba, a ordonné des poursuites en flagrance contre les auteurs présumés de l’agression.

Une gestion des cortèges sous tension
Ce drame soulève une fois de plus la question de la gestion des cortèges officiels à Kinshasa. Trop souvent, ces convois se transforment en zones de non-droit où la loi du plus fort l’emporte sur tout. Les policiers de la circulation, censés assurer l’ordre, deviennent les premières victimes d’un système où le protocole prime sur la vie humaine.
Si l’enquête suit son cours, une chose est sûre : la mort de Fiston Kabeya ne peut rester un simple fait divers. Elle est le reflet d’un mal plus profond, celui d’un pays où les symboles du pouvoir écrasent, parfois littéralement, ceux censés les servir.
Bin Wabthomas
Rédacteur en Chef
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