La Chine, anciennement grande importatrice de gaz, se mue désormais en bouée de sauvetage énergétique pour l’Europe, qui tente de survivre sans le gaz russe. Seulement, ce gaz vendu par la Chine proviendrait de Russie.

Vladimir Poutine & xi jinping

La Chine est l’une des gagnantes de la crise des prix de l’énergie, provoquée entre autres par l’invasion russe en Ukraine. Selon la RTBF, le pays, auparavant grand importateur, fait face à d’importants ralentissements de sa demande intérieure en énergie. Ces derniers mois, la Chine a effectivement revendu sur les marchés économiques ses surplus de gaz naturel liquéfié (GNL). L’Europe est avide de cette ressource aujourd’hui, dont les prix battent des records, et qui vient, entre autres, de Russie.

Ainsi, le gaz russe qui n’arrive plus en Europe via les gazoducs habituels revient en Europe via la Chine, a un prix bien supérieur. « Alors que l’Europe tente de sortir de sa dépendance énergétique à l’égard de la Russie, elle crée une nouvelle forme dépendance à l’égard à la fois de la Russie et de la Chine, en finançant généreusement leurs économies. » annonce la RTBF.

La Chine, bouée de sauvetage énergétique
En pleine crise de l’énergie, l’Europe cherche désespérément à remplir ses stocks de gaz en prévision de l’hiver. Face à l’Union européenne, la Chine se mue en bouée de sauvetage énergétique. Grâce à elle, l’objectif de remplir d’ici novembre les réserves à 80 % est déjà atteint, malgré la mise à l’arrêt du gazoduc Nord Stream 1 par Gazprom et les baisses de livraisons russes. La part russe dans l’importation de gaz à l’Union européenne a chuté, passant de 40 % à 9 % selon la Commission.

Acteur miracle de ce conflit, Pékin. La Chine, grande importatrice, n’a en effet jamais été un pays exportateur traditionnel de gaz. Malgré sa production croissante, le pays doit importer 40 % de ses besoins énergétiques. En cause, l’économie chinoise qui fonctionne au ralenti ces dernières semaines, suite aux confinements et aux arrêts de productions liés à sa politique « zéro covid. »

La Chine se coiffe désormais de la casquette de premier importateur mondial de GNL, et observe un surplus de gaz. Remise en vente sur les marchés, cette offre rencontre le manque énorme de l’Europe, qui est prête à payer le prix fort pour acquérir cette précieuse ressource avant l’hiver.

Les entreprises liées au secteur énergétique en Chine sont largement gagnantes : « elles revendraient leurs cargaisons deux à trois fois plus cher aux Européens sur le marché spot. Contrairement au marché à terme, le marché spot permet d’acheter au comptant des cargaisons existant physiquement et dont le transport est déjà en cours. » indique la source.

Gaz chinois

Sinopec, plus grand groupe raffineur de pétrole chinois, a revendu 45 livraisons complètes de GNL.

Selon les estimations de la RTBF, la Chine a vendu 4 millions de tonnes excédentaires cette année. En comparaison, ce volume représente 7 % du gaz naturel importé par l’Europe dans le premier semestre de 2022.

Augmentation de 10 %

La Chine est restée relativement discrète sur ces nouvelles transactions. Dernièrement, le quotidien chinois Global Times a publié un article qui reconnaît ouvertement le mécanisme. Selon le journal, les entreprises chinoises ont augmenté leurs achats à l’étranger de 10 % avec l’objectif de revendre le gaz aux clients européens : « Les sociétés chinoises de GNL augmentent leurs approvisionnements dans un contexte de demande croissante de la part des clients européens ». L’article ne mentionne cependant pas l’origine du gaz revendu.

La réponse est toutefois évidente pour le site spécialisé oil.com : la Chine revend « tranquillement » ce gaz russe à l’Europe. Les importations chinoises de GNL venant directement de Russie ont augmenté en flèche, de près de 30 % par rapport à 2021, tandis que toutes les autres importations énergétiques ont diminué.

Les opérateurs chinois achètent donc des cargaisons de GNL pour les revendre aux pays européens, en multipliant dans la transaction le prix par deux ou trois, selon le site oil.com. Ces sociétés empochent ainsi un bénéfice, jouissant de leur rôle d’intermédiaire entre ces deux acteurs majeurs et interdépendants qui refusent désormais de traiter directement l’un avec l’autre, l’Europe et la Russie.

Par Gédéon Ngango


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