Dans un communiqué publié le 27 juin 2024, Denis Mukwege, Prix Nobel de la Paix, a exprimé ses vives préoccupations concernant le danger d’exacerbation du vide sécuritaire en République Démocratique du Congo (RDC). Ce message intervient alors que le Groupe d’Experts de l’ONU sur la RDC a signalé la présence de milliers d’éléments armés rwandais sur le territoire congolais, opérant conjointement avec le groupe rebelle M23.

Selon le communiqué, entre 3000 et 4000 éléments de l’armée rwandaise sont présents en RDC et collaborent avec le M23, un groupe armé terroriste dont la résurgence en novembre 2021 a gravement aggravé la situation sécuritaire et humanitaire au Nord-Kivu. Denis Mukwege souligne que cette présence étrangère constitue une violation flagrante des conventions internationales et une menace pour la stabilité de la région.

Le Retrait de la Monusco

Mukwege attire l’attention sur le plan de désengagement accéléré de la Monusco, la mission de maintien de la paix de l’ONU en RDC. Bien que ce plan ait déjà été mis en œuvre au Sud-Kivu, il reste encore de nombreux défis sécuritaires à relever dans d’autres parties du pays, notamment face aux groupes armés comme la CODECO, les ADF et le M23. Le communiqué exprime des inquiétudes quant à l’incapacité des forces de sécurité congolaises à gérer seules ces menaces si le retrait de la Monusco se poursuit sans une préparation adéquate.

Mukwege exhorte le Conseil de Sécurité de l’ONU à suspendre le plan de désengagement de la Monusco au Nord-Kivu et à reconfigurer le mandat de la mission pour renforcer la sécurité et la justice en RDC. « Nous réitérons nos vives préoccupations quant au retrait accéléré de la Monusco et au transfert des responsabilités aux autorités nationales qui risquent de créer un vide sécuritaire et un déficit de protection des civils très dangereux, » a déclaré Mukwege.

Il appelle également les gouvernements membres du Groupe de contact international pour la région des Grands Lacs à prendre des mesures fermes contre les violations des droits humains et le soutien militaire du Rwanda aux groupes armés. « Il est impératif que la communauté internationale n’accepte pas les violations systématiques des droits humains, du droit international et de l’embargo sur les armes commises par le Rwanda, » a-t-il insisté.

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Sanctions et Pressions Diplomatiques

Denis Mukwege recommande l’adoption d’un régime de sanctions pour forcer le Rwanda à retirer ses troupes de la RDC et à cesser son soutien au M23. Il insiste sur la nécessité d’une pression internationale pour mettre fin aux violations des droits humains et assurer la protection des civils dans les zones de conflit.

« Nous devons adopter un régime fort de sanctions pour obliger le régime de Kigali à retirer ses troupes du sol congolais et son soutien au M23, » a-t-il ajouté.

Denis Mukwege conclut son message en appelant la population congolaise à se mobiliser et à prendre conscience de la gravité de la situation. Il prévient que l’absence de l’autorité de l’État et le départ prématuré de la Monusco pourraient créer un vide sécuritaire dangereux, aggravant la crise actuelle. « Il y a une aspiration de toutes les forces négatives de la région dans les provinces de l’Est, entraînant ainsi l’escalade du conflit en cours avec des conséquences humanitaires incalculables, » a-t-il averti.

Mukwege souligne que la paix et la sécurité en RDC nécessitent une coopération internationale accrue et des actions concrètes pour empêcher une nouvelle escalade de la violence.

 

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