L’ex-président de la commission électorale nationale indépendante (CENI) Corneille Nangaa, ambitionne de briguer la magistrature suprême mais sa candidature est contestée pour avoir tripatouillé les scrutins de 2018.

Les partenaires de la République démocratique du Congo, en tout cas les plus sérieux, auraient très mal accueilli le projet de candidature de Corneille Nangaa, ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) sous sanctions américaines.

Corneille Nangaa

Pour n’avoir pas respecté sa parole d’expert assermenté lorsqu’il annonçait les résultats de l’élection présidentielle notamment, Nangaa passe pour un partenaire insubordonné, désobéissant et peu fiable. L’analyse de ses sorties médiatiques depuis 2016 révèle que l’homme est “émotif”, sensible et imprévisible.

Certaines indiscrétions de ses contacts au pays rapportent que l’expert électoral est un homme suffisant et inconstant. Des allégations, bien que recoupées, qui restent généralement non étayées. Sur le plan des relations humaines, Corneille Nangaa n’est pas très affectionné. Impulsif, il développerait quelques tempéraments vifs, assure-t-on.

Depuis l’annonce de sa candidature teintée de ces quelques phrases de trop, l’ancien président de la CENI est la cible de toutes les attaques médiatiques. Nico Mayengele Ngenge, un brillantissime avocat et expert en finances publiques, proche de Lamuka, qualifie Corneille Nangaa de pape de la fraude électorale.

Nangaa, est le pape de la fraude électorale, monsieur Kabila est le démon de la fraude, monsieur Tshilombo, c’est le cardinal de la fraude et leur abbé, c’est Augustin Kabuya qui avait insinué que Kabila avait cherché dans l’opposition lequel des partis politiques était réellement de l’opposition à qu’il devait léguer le pouvoir ”, a réagi cet ancien journaliste et défenseur des droits de l’homme. Pour Nico Mayengele Ngenge, il est utopique de croire à une élection, minime soit-elle, en faveur de l’intéressé en RDC.

De son côté Prince Epenge, communicateur de la plateforme politique Lamuka et président du parti politique Action pour la démocratie et le développement du Congo (ADDCongo), renchérit dans une prosopopée qui illustre Nangaa à l’image de Paul Kagame. “ Nangaa, c’est exactement la version congolaise de Paul Kagame. Comme nous considérons Paul Kagame d’ennemi public numéro un de la RDC à l’extérieur, c’est ainsi qu’il faut considérer Nangaa comme ennemi public numéro un du Congo à l’intérieur ”, a expliqué Prince Epenge au cours d’un débat à CML13 Télévision.

Appels à des poursuites judiciaires
Le journaliste et chroniqueur politique Yves Buya condamne vertement la communication de Corneille Nangaa qui frise, selon lui, le tripatouillage des résultats électoraux de 2018. “ Les choses qu’il a dites sont graves. Ça prouve qu’ils avaient tripatouillé le choix et la volonté du peuple qu’était Martin Fayulu Madidi. Ça prouve que les élections de 2018 n’étaient qu’une lueur, un fiasco ”, se plaint-il. C’était une nomination de fond en comble dans toutes les institutions, a-t-il regretté.

Corneille Nangaa, président de la CENI parle d’un accord politique, ce qui suppose que vous n’aviez pas respecté la volonté du peuple ”, constate Yves Buya. Pour lui, Corneille Nangaa ne réunit pas les valeurs de crédibilité pour la fonction présidentielle, après avoir farfouillé l’ordre des scores électoraux de 2018, violant ainsi la volonté du peuple.

Lui, il ne devrait même pas parler”, a-t-il grondé. “Nangaa, c’est des gens qui doivent être arrêtés. Dans d’autres pays, comme dans les pays islamiques, il serait pendu ou lapidé ”, a-t-il fait observer.

Même décodage qu’Alain Bolodjwa Ibola, coordonnateur de la Nouvelle classe politique de l’opposition. Dans un entretien avec Patrick Lokala, il s’est posé moultes questions.

Dites-moi quelle est la disposition constitutionnelle qui reconnaît au président de la CENI le droit de signer des accords en violation de la Constitution pour éviter le bain de sang. Lui qui s’est comporté en bandit, qui lui a donné le pouvoir de marcher sur la Constitution au nom de la paix ”, s’est-il exclamé. Même s’il était sous pression, Bolodjwa estime que Nangaa avait toute la liberté de démissionner de ses fonctions pour éviter de porter la responsabilité de l’opprobre.

Le problème, ce sont les dessous des cartes qui doivent être mises à la place publique. Monsieur Nangaa doit être arrêté au même titre que Monsieur Fortunat Biselele, monsieur Guy Loando doit être arrêté au même titre que Monsieur Fortunat Biselele. Ils sont liés dans le même dossier. Ces gens-ci nous prennent pour des cons parce qu’ils savent que tout le monde a peur, personne n’aura le courage de dénoncer ”, ajoute-t-il. “ Il y a des carrés miniers qui ont été vendus ”, soutient Alain Bolodjwa Ibola. Les fameux carrés miniers, dit-il, appartiendraient à monsieur Nangaa. “ Nous sommes là en face des bandits, des gens qui ne veulent pas se ressaisir. C’est le dossier qui conduisit à l’interpellation de Fortunat Biselele”, a dévoilé Bolodjwa.

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