Le dossier sensible de l’exploitation illicite des minerais dans la province du Sud-Kivu continue de susciter de vifs débats. Récemment, les actions des autorités provinciales, notamment du gouverneur Jean-Jacques Purusi, ainsi que celles des services migratoires et sécuritaires, ont mis en lumière plusieurs enjeux liés aux sociétés minières et aux ressortissants étrangers impliqués dans ce secteur.
En réponse à l’exploitation anarchique des ressources minières, le gouverneur Purusi a signé, le 23 juillet 2024, un arrêté portant suspension des activités minières sur l’ensemble des sites de la province. Cette mesure, qui concernait autant les sociétés minières que les coopératives artisanales, a marqué un tournant dans la lutte contre l’exploitation illégale. Cependant, sa mise en œuvre a rencontré des obstacles liés aux compétences juridictionnelles entre le gouvernement provincial et le ministère national des Mines.
Deux mois plus tard, le 23 septembre 2024, une levée conditionnelle de la suspension a été annoncée. Les sociétés minières désireuses de reprendre leurs activités devaient satisfaire plusieurs critères, notamment :
- L’élaboration d’un cahier des charges validé par le gouverneur.
- L’exercice des activités d’extraction avec des permis appropriés.
- L’évaluation de l’impact environnemental et social des activités.
Le 19 décembre 2024, des agents provinciaux accompagnés d’un député ont appréhendé plusieurs ressortissants chinois soupçonnés d’être impliqués dans l’exploitation illicite de minerais. Ces arrestations ont eu lieu sur différents sites, notamment dans les installations de la société GMI et sur des routes menant à Bukavu. Les personnes arrêtées, pour certaines employées dans des entreprises minières ou de construction, ont été transférées au commissariat provincial de la Police Nationale Congolaise (PNC).
Cependant, l’absence de preuves tangibles ou de dossiers formellement constitués a poussé la PNC à transférer le cas à la Direction Générale de Migration (DGM). Après examen des dossiers, la DGM a conclu à des infractions migratoires et a décidé du renvoi de 15 ressortissants chinois dans leur pays d’origine, par la frontière de Ruzizi 1er, le 24 décembre 2024.
Face à l’agitation médiatique et aux rumeurs circulant sur les réseaux sociaux, l’Initiative SIMAMA Grand-Lacs (ISGL) a appelé à une approche apaisée et objective. Selon cette organisation, les services habilités doivent se concentrer sur des investigations rigoureuses et sur la transparence des procédures pour éviter des jugements biaisés.
En outre, ISGL a invité les autorités compétentes à convoquer les responsables des sociétés minières opérant dans la région pour vérifier leur conformité aux lois en vigueur. Selon le président de la fédération, agir autrement relèverait d’un simple populisme.
De son côté, l’ambassade de Chine en République Démocratique du Congo a réaffirmé sa position contre l’exploitation illégale des ressources naturelles. Elle a condamné les pratiques des entreprises chinoises ne respectant pas les lois congolaises et a encouragé leur suspension par les autorités locales.
Il convient de rappeler que toute décision de renvoi migratoire relève de la compétence exclusive du Chef de l’État. Les actions récentes de la DGM traduisent donc une application rigoureuse des directives nationales tout en respectant les impératifs diplomatiques.
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