Le nombre de volcans gisant sous la calotte glaciaire de l’Antarctique serait trois fois plus élevé que prévu. Encore actif, ce volcanisme caché se concentre autour d’un rift complexe, installé entre les deux parties du continent, géologiquement différentes. Les rouages et les conséquences futures de ce système nouvellement découvert restent à peu près inconnus.
- 91 nouveaux volcans ont été repérés sous la calotte glaciaire de l’Antarctique, alors que l’on n’en connaissait que 47.
- Ce volcanisme est actif depuis longtemps et influe sur la stabilité des glaciers.
- Il se concentre autour d’un rift, au-dessus d’un point chaud du manteau, formant un environnement géologique proche du rift est-africain.
Au sein du continent Antarctique, un rift est en pleine action, tendant à écarter l’est et l’ouest. Sa mécanique ressemble à celle du rift de l’est africain mais il est très mal connu à cause, bien sûr, du kilomètre de glace qui recouvre le socle rocheux. Son activité est cependant trahie par le volcanisme.
Le mont Erebus est le plus célèbre des volcans du continent, situé près de la côte, sur l’île de Ross, à environ 167° ouest (une longitude passant entre l’Australie et la Nouvelle-Zélande). Mais il en existe aussi sous la Calotte glaciaire . En 2008 (voir l’article ci-dessous), les géologues avaient repéré un volume de cendres accumulées sous la glace, à une profondeur de 100 à 700 m. L’éruption de ce volcan caché s’est, semble-t-il, produite il y a seulement 12.000 ans.
Un volcanisme subglaciaire d’une ampleur insoupçonnée
Ce rift de l’Antarctique ouest s’étend de la mer de Ross à la mer de Weddell, séparant grosso modola région occidentale (avec la terre Marie Byrd et la péninsule Antarctique) et la partie orientale, la plus vaste, où se trouve le pôle Sud. Il est parallèle à la chaîne Transantarctique, une cordillère à la frontière entre ces deux régions. En fait, ce rift est un complexe ensemble de failles apparues durant le Cénozoïque (l’ère commencée avec la fin des dinosaures), à différentes époques.
Pour comprendre cette géologie masquée, les scientifiques cherchent à comprendre le volcanisme subglaciaire, ce qui commence par une cartographie, la plus difficile qui soit. Nous connaissons mieux la géographie de Mars que celle du socle rocheux de l’Antarctique.
Dans un numéro spécial, la revue geological society of London publie les résultats d’une étude menée par une équipe de l’université d’Édimbourg (Écosse). En utilisant différentes méthodes, en particulier des mesures d’altimétrie et de gravimétrie effectuées par des satellites ou des avions, les trois auteurs signataires de l’article ont repéré 138 volcans subglaciaires, dont 91 étaient jusque-là inconnus. Pour l’essentiel, ils se concentrent sur 3.000 km le long du rift de l’Antarctique ouest. Première conclusion, surprenante : cette région devient la plus densément peuplée en volcans de toute la Planète.
Quels seraient les effets d’éruptions volcaniques en Antarctique ?
La taille de ces volcans est très variée. Avec 3.850 m d’altitude, le plus haut atteint les dimensions du mont Fuji. La plupart d’entre eux seraient du type « bouclier », avec un cône à la pente faible et des coulées de lave très longues, comme ceux de Hawaï ou comme le Piton de la Fournaise, sur l’île de La Réunion.
Le saviez-vous ?
L’Antarctique est composé de deux régions distinctes, séparées par une chaîne de montagnes traversant le continent :
- l’Antarctique occidental est formé de roches récentes, d’environ 200 millions d’années ;
- le socle rocheux de l’Antarctique oriental est bien plus vieux, témoignant d’une érosion débutée avant le Cambrien.
Il semble donc bien exister un point chaud sous l’Antarctique, comme c’est le cas sous le rift est-africain. Pour autant, le continent antarctique est-il vraiment en train de se couper en deux ? Les données actuelles ne permettent pas de l’affirmer.
À plus court terme, quel serait l’effet d’un volcanisme sous-glaciaire ? Même si une éruption échouait à briser l’épaisse couche de glace, elle pourrait en faire fondre la base. L’écoulement des glaciers de la calotte continentale en serait facilité, accélérant le voyage de ces derniers vers l’océan, avec un effet d’élévation du niveau de la mer. Dans le contexte du réchauffement global, il ne serait pas inutile d’en savoir plus sur cette activité géologique masquée…
@Ricoeur-Suave
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