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Alger veut se placer en Afrique face à l’offensive des entreprises européennes, asiatiques et américaines et même marocaines, mais la course a commencé il y a longtemps et le train ne compte pas s’arrêter en cours de route.

L’Algérie et le Maroc font de leur présence en Afrique une affaire d’Etat depuis quelques mois. Mais les deux pays, pour des raisons qui leur sont bien propres, ne sont pas sur la même longueur d’onde.
Dans son dernier numéro, le groupe Africa Intelligence indique que la politique économique du Maroc est résolument tournée vers l’Afrique et ne compte s’articuler qu’autour des opportunités qu’offre le continent. «Le souverain chérifien le martèle à tous ses interlocuteurs: l’avenir du Maroc se joue au Sud! Profitant de la désaffection de l’Afrique par Paris et l’éternel frère ennemi algérien, le roi Mohammed VI a lancé ses diplomates et ses entreprises à l’assaut du continent. Cette manoeuvre vise à doter le royaume d’un pré carré qui soit à la fois un réservoir d’opportunités commerciales et de soutiens diplomatiques», écrit Africa Intelligence dans son rapport. Ce même groupe a également relevé que, lors de la conférence de Paris, «le Maroc a mobilisé une quarantaine d’entreprises, reléguant toutes les autres délégations au rang des figurants». De fait, cette offensive économique, qui s’arrime à une très grande bataille diplomatique visant la réintégration du Maroc dans les instances de l’Union africaine, fait de ce pays un acteur dynamique et incontournable dans la reconfiguration de la carte économique du continent noir qui, depuis quelques années, constitue une cible privilégiée pour tous les pays, y compris les plus puissants.
Pour l’heure, bien qu’il ait quitté l’Union africaine depuis 1984, soit depuis plus de 32 ans, le Maroc est très présent, à travers ses entreprises dans les pays africains. Maroc télecom a acquis le contrôle de Mauritel début 2001 pour la somme de 48 millions de dollars, Managem exploite plusieurs mines au Niger, en Guinée, en Côte d’Ivoire et a des projets au Burkina Faso Le groupe Châabi a signé une convention avec l’Etat sénégalais pour la construction de logements sociaux tout en développant ses activités dans la construction immobilière en Côte d’Ivoire. Ce même groupe investit en outre dans plusieurs projets touristiques en Egypte. Pour sa part, la BCP détient des filiales assez anciennes dans deux établissements de crédit: la Banque populaire maroco-guinéenne, qu’elle contrôle à hauteur de 54% et dont le prix d’acquisition était, à fin 2002, de l’ordre de 84 MDH (porté à 135 MDH après une récente augmentation de capital) et la Banque populaire maroco-centrafricaine, dont elle détient 57,5%, pour un investissement de 11 MDH est déjà présente, par ailleurs, dans le capital de la Banque internationale arabo-tunisienne avec un investissement de 66 MDH.
Dans le secteur des assurances, les compagnies marocaines ont entamé leur internationalisation depuis au moins six ans. En effet, le Groupe Saham, qui a acquis en 2010 le Groupe Colina présent dans 13 pays, est actuellement présent dans 22 pays via 40 filiales. Wafa Assurance a, elle, entamé son développement à l’international par la Tunisie en créant une filiale spécialisée dans l’assurance Vie: Attijari Assurance. En Afrique subsaharienne, après l’échec de l’acquisition de l’assureur Safa en Côte d’Ivoire, la filiale d’assurance d’Attijariwafa bank s’est déployée en 2014 au Sénégal en créant deux compagnies -Wafa Assurance Vie S.A et Wafa Assurance S.A- avec l’ambition de devenir un acteur majeur de l’assurance au Sénégal. Pour sa part, RMA Watanya du Groupe FinanceCom a démarré son développement à l’international en signant un partenariat avec le Groupe Beneficial Life Insurance Company (BLIC) mettant ainsi les pieds au Cameroun, en Côte d’Ivoire et au Togo. La compagnie envisage de s’implanter dans une quinzaine de pays via des acquisitions ou des opérations de «greenfield» à l’horizon 2020. Ces filiales s’appuieront sur les réseaux de Bmce Bank et sa filiale africaine Bank of Africa. Cette liste d’entreprises marocaines présentes en Afrique n’est cependant pas exhaustive et elle est appelée à se prolonger davantage à l’avenir, compte tenu des projets de partenariats en cours. Pour ce qui est des exportations marocaines vers l’Afrique, elles se situent autour de 4,5 milliards de dollars par an, soit la moyenne de 6% de ses exportations.
Dans cette ambiance de conquête de l’Afrique par aussi bien les grandes puissances économiques qui y voient «la locomotive de la croissance pour les années à venir», que par les pays africains eux-mêmes qui cherchent à se trouver une place dans les interstices laissés par les déséquilibres régionaux, notamment le Maroc qui avance à pas de géant dans ce sens, l’Algérie reste à la traîne. En effet, à l’exception de quelques échanges commerciaux avec certains pays africains, lesquels échanges n’atteignent pas les 200 millions de dollars annuellement, seules quelques entreprises algériennes sont présentes en Afrique et timidement: Condor, Bimo, Ahhp, etc. Selon l’économiste Boualem Alliouat de l’université de Nice, cette situation est due au fait que «l’Algérie a été trop longtemps absente du paysage économique africain, et elle ne semble pas engagée dans un plan de reconquête par l’image et la représentation, celles d’une nation engagée dans le développement des synergies et des potentiels du continent africain». Depuis quelque temps, le discours officiel quant à cette question a changé, mais sur le terrain, on est encore au stade des «forums» et «des échanges d’idées».
L’Algérie affiche en effet ses ambitions en la matière depuis la conférence Africa 2016 des 22 et 23 septembre dernier à Paris. Le prochain forum africain de l’investissement qui se tiendra du 3 au 5 décembre prochain à Alger représente ainsi pour l’Algérie un rendez-vous hautement stratégique, parce qu’il constitue une opportunité de donner forme à son ambition de déploiement en Afrique, à travers la signature de protocoles d’accords et de partenariat, ainsi que la possibilité de promouvoir le produit local et l’ouverture de nouveaux débouchés à l’exportation.


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