Le M23 poursuit l’expansion de son espace d’influence. Ces derniers jours, ses troupes ont pris le contrôle de certaines entités au nord de Goma. Ses combattants se sont d’ailleurs emparés ce mercredi 4 janvier de l’une des plus grandes agglomérations du groupement de Binza, dans le territoire de Rutshuru. Ils se rapprochent davantage d’Ishasha, un des postes frontières importants de la zone.

Le M23 semble avancer sans grande difficulté dans la partie nord du territoire de Rutshuru. En l’absence de l’armée dans certaines zones, les forces locales d’autodéfense s’organisent, mais ne font pas le poids.

Ce fut le cas ce mercredi matin de la localité de Nyamilima, importante agglomération située à une vingtaine de kilomètres de la cité d’Ishasha où se trouve un poste douanier important reliant l’Ouganda à la RDC.

Les groupes locaux d’autodéfense qui patrouillaient encore mardi dans Nyamilima, cité d’environ 60 000 habitants, ont décroché tard dans la soirée. Même les casques bleus marocains présents dans l’entité n’ont fait que constater l’arrivée des rebelles qui ont fait le tour de la cité avant de s’y installer.

L’objectif, selon certains combattants du M23 qui ont échangé avec les habitants de Nyamilima, serait d’arriver jusqu’à Ishasha, consolidant ainsi leur contrôle sur l’important axe routier qui relie le poste douanier à Goma.

Cette avancée du M23 s’est accélérée ces derniers jours avec la prise de plusieurs localités dont Kisharo et Buramba. Dans les faits, le groupe rebelle affirme pourtant souscrire au processus de désengagement et annonce qu’il se retirera du camp militaire de Rumangabo, à proximité de Goma, dès ce jeudi 5 janvier.

Nouvelle opération de la Monusco

Pendant ce temps, la mission des Nations unies dans le pays (Monusco) lance une nouvelle opération militaire dans la province du Nord-Kivu pour contrer les groupes armés.

Baptisée Linda Njia (« protège ta route »), elle se déroulera dans le territoire de Béni, en proie aux attaques sanglantes des rebelles des ADF (Forces démocratiques alliées), présentes dans la région depuis près de neuf ans. Elle sera menée par la brigade d’intervention de la Monusco, ayant un mandat offensif.

L’opération est circonscrite aux axes routiers allant de Béni vers Semliki, Kamango et Nobili, des agglomérations proches de la frontière avec l’Ouganda et régulièrement ciblées par les rebelles ADF.

Selon Ndèye Khady Lo, porte-parole de la Monusco, il s’agit d’intensifier les patrouilles de terrain sur ces axes. « C’est une opération de courte durée qui comporte des patrouilles conjointes de la Monusco et des FARDC dans le but d’améliorer la sécurité et la liberté des mouvements des populations et des forces de sécurité. L’opération Linda Njia, c’est aussi pour encourager le retour des personnes déplacées dans leurs villages d’origine », a-t-il précisé.

Les organisations de la société saluent l’initiative, mais le mouvement citoyen Lucha, qui était en première ligne contre le maintien des casques bleus dans la région, n’est pas convaincu. « C’est juste une opération marketing qui vise à regagner la confiance de la population mais qui, dans les faits, pourrait ne pas aboutir à un résultat escompté. Les artères routières qui sont concernées par ces opérations sont déjà garnies de positions de la Monusco sans que ces positions ne servent à contrer les attaques contre les populations civiles », a critiqué Stewart Muhindo.

La nouvelle opération devrait permettre de « prévenir, dissuader et empêcher les groupes armés et les milices locales » de se livrer à des violences contre la population. Elle intervient deux semaines après le renouvellement du mandat de la Monusco.

Par Gédéon Ngango


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