La contre offensive diplomatique de Paul Kagame dans les pays de la SADC avec multiplication des accords stratégiques bilatéraux pour isoler la République démocratique du Congo dans sa quête d’une intervention de la SADC alors que les troupes de l’EAC ont échoué dans l’Est.

Le Mozambique, la Zambie, l’Angola et le Zimbabwe pourront difficilement combattre le Rwanda comme » l’Etat agresseur désigné » de la République Démocratique du Congo.

Félix Tshisekedi

Une « troisième guerre africaine » n’aura finalement pas lieu. Le grand Congo n’a d’autre ami que elle-même. La crise du M23 ne cesse de susciter la déception de Kinshasa et le déchaînement de l’opinion publique congolaise.

Quand donc les Congolais comprendront-ils que leur pays est trop vaste, trop riche, pour avoir des amis sincères ? S’est interrogé un œil éclairé .

Il faut se rendre à l’évidence : malgré la Monusco, présente depuis plus de vingt ans, malgré les forces est-africaines, relayées aujourd’hui par les armées d’Afrique australe, malgré les prières du pape François, la visite du roi Philippe et les exhortations du Dr Mukwege, les Congolais sont plus seuls que jamais. Les congolais sont seuls face à leur destin.

Seuls face aux groupes armés qui sèment la terreur non seulement au Kivu, mais aussi dans l’Ituri, le Haut-Uele et le Bas-Congo, seuls face à ces pluies diluviennes qui ont fait disparaître des villages entiers.

Face au départ de la Monusco, les forces de la SADC vont simplement conjuguer avec celles de l’EAC. Les chefs d’états-majors de la SADC, qui appellent à la cessation totale des hostilités par les groupes armés, exigent aussi la fin du soutien du M23 par des États qualifiés d’ »agresseurs étrangers connus ».

Dans un document confidentiel, auquel nous avons eu accès, les responsables militaires de la SADC partagent leurs vues sur la situation et esquissent deux plans d’action contre les rebelles du M23 : le premier visant à déployer une force en RDC sous la bannière de l’organisation régionale, le second à soutenir directement les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).

C’est finalement la première option qui a été retenue deux jours plus tard à l’occasion du sommet de la Troïka, l’organe chargé de la défense et de la sécurité au sein de la SADC . D’après les stratèges militaires de l’organisation, cette force doit être dotée de moyens conséquents et d’avions de guerre, avec une capacité de renseignement.

Alliance stratégique João Lourenço et Paul Kagame.

L’Angola va déployer 500 soldats dans l’est de la RDC. Mais les troupes angolaises ne participeront pas aux opérations de combat, a déclaré l’armée angolaise, ajoutant qu’il s’agissait « uniquement de superviser le processus de dissolution, de désarmement et de réintégration des forces du M23 ″.

L’Angola est par ailleurs le médiateur officiel de l’Union africaine (UA) sur le différend qui oppose la RDC et le Rwanda sur la question de la lutte contre les rebelles du M23.
A ce titre, Lourenço avait obtenu en juillet 2022 la signature d’un accord de paix à Luanda entre les deux pays. Cette position renforce l’intérêt du Rwanda à soigner au mieux son partenaire angolais, alors que la communauté internationale et les Nations unies reprochent à Kigali de soutenir le mouvement, dont les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) tentent de juguler l’activité.

Depuis l’arrivée au pouvoir de Lourenço en Angola, en 2017, son administration a multiplié les traités avec le Rwanda. Le dernier en date concerne la coopération dans les domaines de la sécurité et de l’ordre public. Il a été signé en février 2019, à Luanda, par le ministre angolais de l’intérieur, Ângelo de Barros Veiga Tavares, et l’ancien procureur général rwandais, Johnston Busingye.

Ce 23 avril 2023, le Rwanda a conclu un deal qui autorise l’extradition de personnes encourant une peine de prison de plus de deux ans, à la demande des autorités d’un des deux pays. La cérémonie de signature a rassemblé à Kigali l’ancien ministre de la justice angolais Francisco Queiroz (2017-2022) et son homologue Emmanuel Ugirashebuja (qui cumule ce poste avec celui de procureur général).

Les accords d’extradition représentent un enjeu stratégique pour Kigali : ils ouvrent la voie à des poursuites à l’étranger contre de potentiels génocidaires en fuite, voire, également, à l’encontre d’opposants exilés trop critiques à l’égard du régime de Paul Kagame.

Dans le secteur minier, le Rwanda s’implante à l’est par l’entremise d’Alexis Bayigamba, un entrepreneur rwandais proche de Paul Kagame et de l’ancien ministre des relations extérieures, Manuel Domingos Augusto (2017-2022).

La fille d’Alexis Bayigamba, Gisèle Bayigamba, gestionnaire de la société Milbridge Angola, a d’ailleurs épousé le fils de Manuel Augusto en 2019. En février, Milbridge a remporté un contrat d’exploitation du cuivre dans la province angolaise de Moxico. Dès avril 2021, l’Etat angolais lui avait concédé un gisement diamantifère de 142 kilomètres carrés à Lucapa, dans la province de Lunda Nord.

En mars 2022, le président angolais João Lourenço a décidé « par principe de réciprocité » d’accorder aux ressortissants rwandais l’exemption de visas, y compris de tourisme, pour les séjours inférieurs à 90 jours.

Un décret présidentiel justifie cette exemption en citant notamment les « excellentes relations entre les deux pays ». L’exemption de visas aux détenteurs d’un passeport angolais avait été accordée trois ans plus tôt, en 2019, par les autorités rwandaises. Le projet de liaison aérienne directe entre Kigali et Luanda, signé en 2018 à Kigali et ratifié en 2020 par le président angolais, est cependant quant à lui toujours dans les limbes.

Accord Zim-Rwanda : Le Zimbabwe traque depuis les ex-FDLR et se trouve en position difficile pour combattre la milice tutsie du M23.

Le gouvernement zimbabwéen travaille déjà en étroite collaboration avec le Rwanda pour traquer et extrader plusieurs présumés fugitifs du génocide rwandais qui se trouveraient dans le pays. Cela a été révélé par le ministère zimbabwéen des affaires étrangères après la recherche de la dépouille du fugitif rwandais présumé génocidaire Potrais Mpiranya dans une tombe de 2006 à Harare enterrée sous le nom de « Ndume Sambao ».
Les enquêteurs de l’ONU ont déclaré que Mpiranya et de nombreux autres fugitifs hutus ont rejoint les Forces de défense du Zimbabwe (ZDF) qui se trouvaient en RDC pour défendre le gouvernement de Kabila en 1998.

Mpirinya dirigeait une unité militaire appelée Horizon Brigade qui « opérait intensivement avec la ZDF en RDC en 1998 impliquée dans de violentes batailles contre l’armée rwandaise qui soutenait l’ex rébellion tutsie RDC-Goma aujourd’hui M23 « .
Les gouvernements du Rwanda et du Zimbabwe ont signé trois protocoles d’accord supplémentaires.

Les accords ont été conclus mardi à l’issue d’une Commission permanente mixte de deux jours sur la coopération (JPCC) et couvrent les domaines de l’enseignement supérieur et supérieur, du développement scientifique et technologique, ainsi que des affaires féminines et du développement du logement. La culpabilité du gouvernement Zimbabwe d’avoir travailler, coopérer et héberger les fugitifs hutus Rwandais ne joue pas en faveur d’envoi des soldats Zimbabwéens pour mater cette rébellion tutsie en RDC.

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