L’affaire impliquant des ressortissants chinois dans le secteur minier du Sud-Kivu continue de faire couler beaucoup d’encre. Alors que des rumeurs et spéculations dominent les discussions publiques, la société civile a dénoncé ce qu’elle qualifie de campagne d’intoxication et de diabolisation à l’encontre de la Direction Générale de Migration (DGM).

Des arrestations controversées

Tout commence le 19 décembre 2024, lorsque des agents provinciaux, accompagnés du député Béatrice Nanvano, procèdent à l’arrestation de plusieurs ressortissants chinois sur différents sites. Parmi eux, des employés de sociétés minières, notamment GMI et Boda Mining, ainsi que des travailleurs dans d’autres secteurs, comme Misenga Investment.

Ces arrestations, initialement justifiées par des soupçons d’exploitation minière illégale, se sont rapidement heurtées à des lacunes procédurales. Les personnes interpellées ont été transférées au commissariat provincial de la Police Nationale Congolaise (PNC) sans qu’aucun dossier formel ni élément de preuve ne les accompagne.

Face à cette situation, le commissaire divisionnaire provincial de la PNC a transféré le dossier à la DGM, estimant que les faits relevaient davantage de la compétence migratoire.

Après examen des dossiers, la DGM Sud-Kivu a constaté des infractions migratoires chez les ressortissants chinois concernés. Le 24 décembre 2024, sur décision de sa hiérarchie, la DGM a procédé au rapatriement de 15 individus dans leur pays d’origine, via la frontière de Ruzizi 1er.

Cependant, ces actions ont suscité des critiques acerbes sur les réseaux sociaux, certains accusant la DGM de ciblage arbitraire et de complicité dans des pratiques illicites. Ces allégations, jugées infondées par la société civile, sont perçues comme une tentative de manipuler l’opinion publique et de torpiller le travail du service migratoire.

La société civile monte au créneau

Dans un communiqué publié après le rapatriement, plusieurs organisations de la société civile, dont l’Initiative SIMAMA Grand-Lacs (ISGL), ont exprimé leur soutien à la DGM tout en appelant à la vigilance. Elles dénoncent une campagne d’intoxication visant à discréditer un service clé dans la régulation migratoire et à détourner l’attention des véritables enjeux.

Pour le président national de l’ISGL, les accusations portées contre la DGM sont dénuées de fondement et relèvent davantage de calculs politiques que d’une volonté de justice. Il appelle les citoyens à se baser sur des faits concrets et à éviter les jugements biaisés alimentés par des rumeurs.

Du côté des autorités provinciales, le gouverneur Jean-Jacques Purusi, à l’origine des mesures strictes contre l’exploitation illicite des minerais, s’est montré prudent. Il a rappelé que toute action en matière migratoire doit s’appuyer sur l’expertise de la DGM, un service mandaté pour gérer ces questions.

Au niveau national, l’ambassade de Chine en RDC a condamné toute exploitation illégale de minerais par des entreprises chinoises et a encouragé les autorités congolaises à agir avec fermeté contre les contrevenants.

Cette affaire met en lumière les tensions croissantes autour du secteur minier, où se croisent enjeux économiques, environnementaux et diplomatiques. La gestion des ressources naturelles reste un défi majeur pour la RDC, confrontée à la pression des multinationales et à la nécessité de protéger ses intérêts nationaux.

Dans ce contexte, la transparence et la collaboration entre les différents acteurs – gouvernement, société civile, et partenaires internationaux – seront essentielles pour restaurer la confiance et garantir une exploitation responsable des ressources.


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