Ce jeudi 22 mai 2025, un tournant historique s’est opéré à Kinshasa. Pour la première fois dans l’histoire de la République démocratique du Congo, le Sénat a levé l’immunité d’un ancien chef de l’État, Joseph Kabila, ouvrant ainsi la voie à des poursuites judiciaires pour des faits gravissimes : haute trahison, crimes de guerre, crimes contre l’humanité et participation à un mouvement insurrectionnel.

Le vote est sans équivoque : 88 voix pour, 5 contre, 3 bulletins nuls. Ce score massif reflète l’onde de choc politique qui secoue le pays. Kabila, longtemps considéré comme intouchable grâce à son statut de sénateur à vie, n’échappe plus à la justice.

Les charges qui pèsent

Le dossier est explosif. L’ancien président est soupçonné d’être l’un des cerveaux derrière l’Alliance des Forces pour le Changement (AFC), une coalition politico-militaire alliée au M23. Cette dernière, soutenue par le Rwanda, est accusée de semer la terreur dans l’Est du pays, provoquant des milliers de morts et des millions de déplacés. Selon le gouvernement, Kabila aurait soutenu logistiquement et politiquement cette insurrection.

Pour le ministre de la Justice, Constant Mutamba, il s’agit d’un “moment de vérité” pour le pays. La justice militaire, en initiant cette procédure, vise à envoyer un signal clair : nul, pas même un ancien président, n’est au-dessus de la loi.

Joseph Kabila, ex président de la RDC

La riposte du camp Kabila

Le PPRD, parti de Kabila, crie au scandale et à la persécution politique. Pour eux, cette procédure est une mascarade, un “lynchage institutionnalisé” orchestré par le régime Tshisekedi. Des cadres du parti ont dénoncé une instrumentalisation de la justice et annoncé une mobilisation politique nationale.

Mais dans les rues de Kinshasa, Goma ou Bukavu, nombreux sont ceux qui saluent une décision longtemps attendue. Pour une partie de la population, cette levée d’immunité représente une première brèche dans le mur de l’impunité. Une brèche qu’ils espèrent voir s’élargir.

Et maintenant ?

Joseph Kabila, actuellement hors du pays depuis plusieurs mois, n’a pas encore réagi officiellement. Si les poursuites vont jusqu’au bout, il pourrait être convoqué devant la Haute Cour militaire. Reste à savoir s’il se présentera ou s’il choisira la fuite politique.

Ce qui est certain, c’est qu’avec cette décision, la RDC entre dans une nouvelle ère, celle d’une justice qui ose – enfin – regarder dans les yeux les figures les plus puissantes de son histoire récente.


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