L’interdiction de boissons alcoolisées à forte dose prise par le gouvernement provincial de Kinshasa, en République démocratique du Congo, est butée à une résistance des vendeurs et consommateurs malgré les actions de démantèlement menées à cet effet

« Ça ne sert à rien d’interdire à la population de vendre cet alcool à la cité. Il faudrait plutôt s’attaquer à la racine du mal qui est l’ensemble des industries de fabrication de ce produit. Les endroits où on fabrique ces produits sont bien connus. Ils sont bien identifiés et payent même des taxes auprès des services publics », estime Monique Nginamawu qui tire l’essentiel de ses revenus, de la vente de cette boisson dont la teneur d’alcool va au delà même du seuil tolérable.

Et d’ajouter tout en s’interrogeant, « Pourquoi laisser entrer ces produits pour finalement en interdire la commercialisation ou la consommation à Kinshasa ? Personne n’ignore que plusieurs de ces produits sont aussi importés de pays voisins d’où proviennent des milliers de cartons d’alcool conditionnés dans des sachets et bouteilles en plastique. C’est le cas de Kizomba, Samarino, et bien d’autres encore. Tout passe par le poste frontalier de Lufutoto dans le Kongo central où sont installés des services de l’Etat tel que l’Office congolais de contrôle ».

Abordé sur le même sujet, Jacques Kasha, consommateur de son état, pense que malgré les conséquences, cet alcool attire une grande clientèle à cause de son prix qui est à la portée de petites bourses. « Une bouteille de bière vous coûte 2.000 (deux mille) à 3.000 (trois mille) FC. Mais avec un billet de 500 (cinq cent) ou 1.000 (mille) FC. je Francs je peux facilement m’enivrer et oublier tous mes petits soucis », a-t-il déclare.

De son côté, Armand Nzinga est bien conscient de l’interdiction de commercialisation de ces produits. Pour échapper à la vigilance des autorités municipales, Il a opté pour une vente clandestine. Devant sa petite échoppe mobile, se sont des dizaines des papiers mouchoirs exposés en trompe l’œil et visibles à l’approche de tout passant.

« Cet alcool c’est comme une drogue. On ne peut pas le vendre au vu et au su de tout le monde. Il n’y a que mes clients qui savent que derrière ces mouchoirs se trouvent des boutées d’accord. La vente se fait sous des termes codés », explique-t-il.

La législation en République démocratique du Congo interdit de vendre des boissons alcooliques et des cigarettes aux mineurs. Leur présence dans les lieux de vente ou de consommation est également interdite. Mais hélas, la réalité dans les quartiers populaires de Kinshasa est toute autre. « La plupart des consommateurs se recrutent parmi les jeunes âgés de moins de 18 ans. Et c’est dans cette même catégorie où sont regroupés un bon nombre de délinquants à l’origine du phénomène kuluna dans nos quartiers », renseigne quant à lui, Faustin Nsimba.

Le ministère provincial en charge de l’intérieur, sécurité et justice qui s’est lancé dans une opération de démantèlement des sites de consommation et de commercialisation de cet alcool, a donc du pain sur la planche. Car cette drogue qui ne dit pas son nom s’est répandue dans pratiquement toutes les communes de la ville de Kinshasa. Sa consommation semble avoir pris des proportions inquiétantes, dont les conséquences se répercutent, non seulement sur la santé, mais aussi sur la sécurité des paisibles citoyens.

Dans sa campagne de lutte contre le banditisme urbain dénommée « machette na se, Kinshasa eboyi kuluna », le ministère provincial de l’intérieur ne cesse de marteler sur l’interdiction de vendre cet alcool. Les autorités municipales ont déjà été instruites pour relayer le message dans leurs entités respectives.

Wab-infos

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